S3 - Episode 2

Publié le par Thom

L'Amour, la Gloire et la Beauté… d'accord – mais pourquoi faire ?

Telle est la question qu'on peut légitimement se poser une semaine après la reprise de notre série fétiche, dont la Saison 3 peine à trouver ses marques à tel point que dans quelques temps ce ne sont plus les scénaristes d'AG&B mais… moi ! qui vais devoir rendre des comptes à mon producteur. Certes : afin d'éviter de me cramer j'avais annoncé dès le départ une série hebdomadaire et non plus quotidienne – en ce sens on peut considérer l'épisode de lundi comme un agréable bonus. N'empêche, il faut dire ce qui est sans se voiler la face ni se leurrer ni se perdre en expressions toutes faites : rarement AG&B aura été aussi chiant, aussi nul, aussi lent, aussi peu propice à la chronique. Osons le dire : après quatre épisodes du calibre de ceux de cette semaine j'ai acquis la conviction inébranlable que j'ai choisi le pire moment possible pour mon come-back.

Soit, il convient de ne pas oublier que l'équipe des scénaristes a été refondue il y a quelques mois suite au décès de John « Eschyle » Pennington. C'est peu dire qu'il nous manque, et c'est peu dire que Kevin peine à nous convaincre. Là, je dois vous annoncer quelque chose de terrible, je ne sais même pas comment vous le dire… alors voilà : vous connaissiez tous l'esprit d'analyse, le don de dialoguiste de John. Il est de notoriété publique qu'il était le moteur du trio de tragédien, celui qui parvenait à chaque fois à repousser les limites de la fatalité comme de la décence. Rien pour ça il ne pouvait que manquer à nos lecteurs. Oui, mais voilà… John était également l'inventeur d'un des sinon du gimmick le plus populaire d'Amour Gloire & Beauté… la thornerie. Qui, on le rappellera pour nos lecteurs les moins assidus, est cette réplique, énoncée par Thorne Forrester, relevant du pur enfonçage de portes ouvertes MAIS énoncée dans le langage des Précieuses Ridicules (exemple : A Dieu ne plaise ! Nonobstant son tempérament de feu, Brooke demeure une créature des plus amicales – celle-ci est de moi). Or donc John étant mort n'allez pas croire que Thorne s'est mis à énoncer des thorneries de seconde division… loin s'en faut : Thorne s'est tout simplement mis… à parler normalement ! Vous imaginez le choc lorsqu'il est réapparu, mardi dernier, et s'est mis à dire : « J'ai besoin de savoir qui est responsable de la mort de Darla » quand tout portait à croire qu'il dirait quelque chose comme « J'éprouve l'irrépressible besoin de déterminer qui porte le fardeau de cet insupportable décès » !!!

J'en suis resté coi. Partagé entre la peine (pauvre Thorne ! Pauvre Darla ! Pauvre John !) et l'incompréhension – car à présent que faire ? Supprimer les thorneries ? Réécrire chaque réplique de Thorne en vous laissant croire qu'elle est d'origine ? Notez qu'au moins, comme ça, j'ai pu compatir à l'atroce sentiment d'abandon que lui-même ressent de manière irrépressible et… merde : rien que d'écrire irrépressible j'en ai les larmes aux yeux ! Ahhhhhh Thorne ! Comme je te comprends mon ami, mon frère ! Toi qui avais trouvé ton âme sœur ! La seule personne aussi bête et inutile que toi ! Et du coup, en associant vos deux inutilités, vous aviez trouvé un non-sens à votre existence, un comble à vider, et aujourd'hui… aujourd'hui voilà que Darla est morte, que tes thorneries sont en berne, que Robert et Roger (les réals) mutiplient les plans sur ton visage baigné de larmes et de cette mélancolie violente rappelant à notre souvenir les meilleurs scènes de Racine. Ô Thorne ! Comment pourras-tu vivre lorsque tu découvriras que c'est ta belle-sœur adorée, Taylor, cette femme si douce, si sage… que c'est elle qui a défoncé la gueule de ta femme avec sa voiture, te plongeant dans un abyme de veuvage et traumatisant ta fille sobrement baptisée Alexandria…

… oui car bien sûr Thorne va l'apprendre un jour ou l'autre, s'il y a bien une chose que des années de chroniques d'AG&B nous ont enseigné c'est que le crime ne paie pas et que tout se sait toujours. Au moins, là-dessus, on ne pourra pas reprocher à Terry, Brian & Kevin de manquer de mesure ni de crédibilité. De même qu'on ne pourra pas reprocher à Hector d'avoir ménagé ses efforts pour empêcher ce jour d'arriver, puisque désormais c'est officiel : Hector est un psychopathe. Bon… on le soupçonnait depuis un moment, là c'est bon, on en a la preuve : alors que Taylor décidait aujourd'hui pour la douzième fois depuis septembre d'avouer à Thorne qu'elle était responsable de la mort de Darla, Hector s'interposait pour la treizième et… le nombre treize étant ce qu'il est de… séquestrer Taylor dans son ancienne maison de pauvre pour l'empêcher d'avouer. En l'attachant à un radiateur, évidemment. J'ai eu un doute : avais-loupé un épisode ? Y avait-il quelque chose que je n'avais compris ? Hector était-il mouillé dans cette histoire ? Visiblement Taylor n'avait pas envie de lui dire C'est moi que ça regarde ducon, donc on pouvait se poser la question. Enfin peu importe : ce matin, au terme de l'épisode, Taylor était attachée à un radiateur, à peine terrifiée (c'est à dire que son visage est tellement lifté qu'elle n'arrive plus vraiment à être expressive, elle a donc l'air sous le choc, mais pas plus que lorsqu'elle fait le ménage), Hector était en larmes à ses côtés et peut-être bien qu'il se disait Merde, je vais encore devoir en tuer une et nous… Zippo et moi, on souriait bêtement, car enfin après une semaine totalement inutile il se passait enfin un truc. Nous avions compris que la résolution de cette histoire à la con avec Taylor approchait, la délivrance, enfin, ce pour quelques raisons assez techniques que je m'en vais exposer :

- subitement, il n'y a plus eu qu'une seule intrigue dans la série, alors qu'en général il y en a toujours deux à la fois ; quand l'une prend le pas sur l'autre, c'est soit qu'elle commence, soit qu'elle finit.

- tous les personnages de la série ont subitement réapparu : Thorne (donc), mais aussi Sally Spectra ou Stéphanie Forrester (laquelle a rappelé une fois encore qu'elle était le personnage le plus intelligent de la série en devinant par simple induction que Taylor était coupable !)… et ça, ça veut dire grande réunion de conflit avant implosion ou X, après avoir assisté au dénouement de l'affaire Y, va rentrer chez lui tranquillement et se voir embarqué dans sa propre affaire

- l'enlèvement de Taylor par Hector (ça rime comme du Corneille) est bien entendu le climax du mois, la scène d'action et de pure sauvagerie qu'on retrouve avant chaque résolution de conflit.

Moralité : on a baillé une semaine, mais ça devrait s'arranger dès lundi.

...

Publié dans Saison 3

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T
Oh rassure-toi, je n'aurais jamais eu la folie d'essayer de me mesurer à lui (Euripide, tout de même......)
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Z
Quoi !Mais AG&B sans thorneries n'est plus AG&B ! C'est scandaleux !Et pas la peine d'essayer d'en inventer toi-même, Thom ; désolé de te le dire, mais tu es à cent lieues d'atteindre le niveau de John !
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